Publiée en mai 2021 par l’association Qualitel, « L’état des lieux du logement des Français » propose un analyse complète de la qualité du logement en France en 2021. La centaine de critères analysés sont précis : hygrométrie, température, taille des fenêtres, superficie, ventilation, isolation ou encore mode de chauffage… Alors à quoi ressemble le logement type des français en 2021 ? Le parc immobilier hexagonal a-t-il su s’adapter aux grands enjeux environnementaux et sociétaux actuels ? Décryptage et analyse.

Isolation et chauffage : deux grands défis en passe d’être relevés

Première constatation et non des moindres : face au grand défi du réchauffement climatique, le parc immobilier français a su évoluer avec une priorité portée sur les modes de chauffage et l’isolation de nos logements. Un véritable enjeu environnemental porté par une volonté politique. Car depuis la loi de transition énergétique d’août 2015, renforcée par la Loi Énergie et Climat de 2019, on observe l’apparition des énergies renouvelables au sein des logements de particuliers et la disparation progressive  du chauffage au fioul. En parallèle l’isolation thermique s’est généralisée ainsi que le double vitrage, pour des logements moins énergivores et moins polluants.

Chauffage: la disparition progressive des énergies fossiles

Au niveau du mode de chauffage, quelle (r)évolution en un siècle ! Pour preuve, le nombre de maisons chauffées au gaz a été divisé par deux depuis 1945… Et le fioul, quant-à lui, est désormais interdit pour toute nouvelle construction. En parallèle, les pompes à chaleur et l’électricité se sont démocratisées comme nouveaux modes de chauffage. Ainsi ce ne sont pas moins d’un quart des maisons individuelles construites après 2009 qui sont équipées d’une pompe à chaleur, contre 8% pour celles construites avant 1945. Et 10% des maisons sont aujourd’hui équipées de chauffe-eau thermodynamique ou solaire. Une part amenée à augmenter progressivement dans les prochaines années du fait des réglementations applicables aux constructions neuves.

Du côté des appartements, les chiffres sont moins impressionnants même si les choses évoluent peu à peu. La part des énergies fossiles est en effet restée stable depuis 1945 avec plus d’un tiers des appartements chauffés individuellement au gaz ou au fioul… Le chauffage électrique individuel cède quant-à lui peu à peu du terrain face au chauffage collectif. Ainsi, si 40 % des appartements restent encore aujourd’hui équipés d’un chauffage individuel électrique, on observe une très nette baisse de ce type d’installations dans les logements neufs au profit d’un chauffage collectif. Rappelons pourtant qu’en France, la production d’électricité est très peu carbonée grâce à un mix nucléaire/hydroélectricité/énergies renouvelables.

Isolation thermique: la nouvelle norme

Au niveau de l’isolation thermique, bonne nouvelle pour la planète et notre porte monnaie : nos logements sont de mieux en mieux isolés  ! Cela s’explique notamment par le fait que 100% des logements construits depuis 2009 sont isolés thermiquement. Seuls les logements les plus anciens restent donc aujourd’hui encore à la traîne. Le double vitrage s’est par ailleurs imposé comme la nouvelle norme. En 2021, pas moins de 94% du parc immobilier français est ainsi équipé en double ou triple vitrage. Un chiffre en constante augmentation soutenu par les aides à la rénovation énergétiques successives mises en place par l’État, telles que MaPrimeRenov’ .

Une tendance qui sera amenée à encore se renforcer avec la politique énergétique actuelle qui vise notamment à interdire la mise en location des « passoires thermiques » d’ici à 2028. En visant ainsi les propriétaires bailleurs, l’État espère encore améliorer le niveau global de performance énergétique du parc immobilier français.

A savoir : Les propriétaires-bailleurs disposent de nombreuses aides financières pour la réalisation de travaux destinés aux économies d’énergie. En savoir plus.

Espaces de vie : de nouveaux standards

Deuxième grande constatation de cet état des lieux : nos appartements et maisons se sont adaptés avec le temps à nos nouveaux modes de vie. Logique nous direz-vous ! Mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?

Vers un logement plus ouvert

Tout d’abord, nos logements sont de plus en plus ouverts vers l’extérieur. Des fenêtres plus grandes, des espaces extérieurs qui se généralisent… Ce ne sont pas moins de  54 % des appartements qui sont aujourd’hui équipés d’un balcon ou d’une terrasse. Une tendance qui répond à une vraie demande des français comme l’avait révélée l’étude réalisée par Qualitel en 2020 à la suite du premier confinement.

En moins d’un siècle, la proportion de balcons et terrasses a ainsi été multipliée par 3. Une tendance de fond amenée à se poursuivre mais qui semble malheureusement se faire au détriment des espaces de stockage traditionnels auxquels les français restent pourtant attachés.  La part de logements possédant une cave a ainsi été divisée par 12 depuis 1920.

En revanche, alors que les français grandissent, on observe une nette baisse de la hauteur sous plafond dans les logements depuis un siècle. Cela s’explique par les règles d’urbanisme locales qui limitent les hauteurs de construction, par certaines contraintes techniques mais aussi par des raisons économiques. Et c’est ainsi que nos appartements ont perdu 27 cm de hauteur sous plafond en 60 ans. Une baisse sacrément visible !

La salle de bain comme témoin de nouvelles tendances

La salle de bain, quant à elle, est très représentative de nos nouveaux modes de vie. On y voit par exemple peu à peu les baignoires cédées la place aux douches, pour un gain de place et de consommation. Ce ne sont ainsi pas moins de 61 % des logements existants qui sont aujourd’hui équipées de douches. Mais pour 41 % des logements, l’eau chaude met encore plus de 30 secondes à arriver dans la salle de bain principale. Un réel coût pour l’environnement… De manière anecdotique, on observe également la disparition du bidet, celui-ci ayant totalement disparu dans les constructions neuves de moins de 10 ans.

Par ailleurs, si la ventilation est aujourd’hui devenue la norme avec 81% des logements du parc immobilier équipés dans la salle de bain principale, les problèmes d’humidité et de moisissures perdurent toujours. Véritable bête noire du logement français, près de 3 logements sur 10 ont un taux d’humidité supérieur à 60% dans les chambres… alors que les médecins recommandent un taux de 55%. Et près d’1 logement sur 5 présente encore des moisissures visibles à l’œil nu ! Cela n’est pas surprenant quand l’on sait que 37 % des salles de bain ne possèdent pas de fenêtre, chiffre qui monte à 62 % en appartement…

salle de bain

Les points de vigilance

Face à ces constats, certains points de vigilance reste à surveiller et plusieurs axes d’amélioration se dessinent. L’objectif ? Que le logement de demain puisse répondre pleinement aux nouveaux défis de notre temps.

Vers un logement inclusif

Tout d’abord, le parc immobilier français doit veiller à être plus inclusif. En effet, l’enquête de Qualitel relève une mauvaise adaptation des logements aux personnes âgées et handicapées avec 2 bâtiments résidentiels collectifs sur 3 qui ne disposent pas d’ascenseur. Et lorsqu’il est présent, des marches d’accès en limitent trop souvent l’accès… En tout, ce ne sont pas moins de 60% des Français qui ne sont pas satisfaits de l’adaptation de leur logement aux personnes handicapées. Une donnée à prendre en compte lorsque l’on sait que le maintien à domicile des personnes âgées sera un véritable enjeu de société pour les années à venir. L’INSEE estime en effet que 35% de la population française aura plus de 60 ans en 2070, et 18% plus de 75 ans…

Le risque de la fracture numérique

L’accès à Internet est l’autre gros point de vigilance pour le logement français. Rappelons que internet est un droit fondamental reconnu par l’ONU depuis 2012, et par la France depuis 2016. Ce qui signifie que, comme pour le gaz, l’électricité ou l’eau, un opérateur n’a pas le droit de couper une connexion internet pour une facture impayée.

Or, si 20% des foyers français ont aujourd’hui accès au très haut débit (+30 Mbs/s), plus d’un tiers de la population a toujours une connexion très faible voire pas d’accès du tout. Une situation qui témoigne d’une véritable « fracture numérique » et ce, à 3 niveaux distincts :

  • Tout d’abord au niveau territorial puisque 20% des logements ruraux n’ont pas accès à internet en 2021.
  • Au niveau générationnel également avec plus d’un quart des personnes de plus de 60 ans n’ayant pas de connexion internet.
  • Au niveau économique enfin puisque les foyers les moins bien connectés sont ceux  touchant moins de 2000€ net mensuels.

La notion de logement durable

Dernier enjeu des années à venir à anticiper et à relever : les nouvelles mobilités et la notion de logement durable. On constate en effet que 56% des parties communes d’immeubles ne disposent pas en 2021 d’un local vélo. Et ce alors que 64 % des logements collectifs sont équipés de places de stationnement, soit 2 fois plus qu’il y a 40 ans ! A l’heure d’une prise de conscience globale concernant la notion de développement durable, de l’essor du télétravail et des nouvelles formes de mobilité douces, une vraie réflexion semble donc devoir être menée à ce sujet dans les prochaines années.

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